Street art à… Calais
En juillet puis août dernier, nous avons profité du week-end pour nous rendre à Calais, dans le Pas-de-Calais. Nous avions déjà visité la ville en 2019, à l’occasion de l’exposition « Conquête urbaine – Street Art au Musée » au musée des Beaux-Arts.
Aujourd’hui, je vous invite à découvrir le parcours street art, un musée évolutif à ciel ouvert qui s’agrandit au fil des années. En effet, suite à l’initiative de l’artiste local Vyrüs en 2019, Calais organise chaque été en association avec les « ateliers du Graff » un festival street art avec de nombreux artistes. Cette nouvelle édition a lieu du 23 juin au 31 août 2022. De nouvelles œuvres sont ainsi visibles au cours de ces différentes semaines.
On trouve sur le site de l’office de tourisme deux propositions de parcours, un côté mer et l’autre côté dentelle, en référence à la cité de la dentelle et de la mode. L’occasion également de prendre le temps de découvrir la ville et de flâner ! On passe ainsi deux après-midi à arpenter les rues de Calais à pied.
Les endroits à voir peuvent être un peu excentrés pour certains, ce qui nécessite du temps de marche. Il faut parfois chercher après, comme un jeu de piste. Pour gagner du temps, il est tout à fait possible de louer des vélos en libre service (Vél’in), des stations étant présentes dans toute la ville.
Parcours street art : côté dentelle
Après un pique-nique dans le parc Richelieu à proximité duquel nous sommes garés, nous récupérons le plan des parcours et c’est parti ! Direction la gare de Calais où se trouve sur un pignon une fresque de Kogaone. C’est un artiste-peintre multisupports et multi-techniques originaire de Metz, il a un style facilement reconnaissable.
Nous descendons au niveau du quai A pour le mythique Orient-Express de Flow, « graffiti artist » depuis 2000, originaire de Bayonne.
Nous nous dirigeons vers l’hôtel de ville via le rond-point Jefferson. A l’angle Paul Bert, une œuvre de Jean Rooble, artiste plasticien et graffeur autodidacte qui vit et travaille à Bordeaux. Il faut regarder derrière soi en hauteur pour ne pas la rater !
Rue Paul Bert, cet homme qui vient de déchirer le mur pour voir ce qui se passe à l’extérieur. C’est signé Braga Last One, artiste peintre né à Marseille.
Nous passons devant le très beau beffroi de Calais et en profitons pour faire un tour dans le petit jardin, dédié cette année aux cultures urbaines. Nous avions déjà apprécié l’aménagement de ce lieu il y a quelques années.
Des panneaux de signalisation ont été revisités…
Tout comme des poteaux, avec ces yeux qui nous observent !
Direction ensuite le quai du commerce. On y découvre un pignon peint par Vyrüs (malheureusement dégradé sur le dessous) alias Nicolas Flahaut, pompier et graffeur. Sa ville natale ? Calais !
Rue des Communes, ce très beau portrait a eu une récompense bien méritée : la 2ème place au festival Golden Street Art. Ce « marin penseur » est signé Aero, artiste ayant commencé le graffiti en 1997, à Rennes. J’adore ce type de fresque, hyper-réaliste !
Nous arrivons ensuite à la Cité de la dentelle et de la mode, au cœur d’une authentique usine de dentelle du XIXe siècle. Côté parking, un pignon a été joliment décoré par NeSpoon, artiste polonaise. Elle décore les bâtiments avec de sublimes dentelles, ce qui colle parfaitement au lieu.
Le sol de la cour intérieure a été investie par une œuvre XXL (185m2) de Théo Haggai, originaire de Paris. Si vous visitez le musée, vous aurez un meilleur point de vue, en hauteur.
Dans la rue à côté, nous avons pu repérer quelques collages.
On fait un petit crochet par la rue du Temple où Emoy a peint sur un pignon qui donne sur le parc du même nom. Il s’agit d’un artiste parisien passionné de bandes dessinées, comics et dessins animés.
On fait un petit bout de route à pied jusqu’à la rue Anatole France où l’on a bien eu du mal à trouver l’œuvre de Vyrüs. Celle-ci est visible mais dans notre dos et elle semble être chez un particulier donc en retrait.
On rejoint le quai de l’Yser pour le phare de Calais par Manyak & Seyb. Le premier artiste est un graffeur de la région parisienne, spécialisé dans les lettrages 3D. Le second est un peintre issu de l’univers du graffiti, parisien lui aussi. Sur le quai toujours, une mouette de Vyrüs, là aussi un peu dégradée, quel dommage…
Au bout du quai, sur le parking du Auchan, un magnifique mur aux couleurs de feu signée Aero.
On reprend la route jusqu’au Zap’Ados où nous attend une fresque de Jam’étendart. Agréable surprise, il s’agit d’un grand parc pour skates, trottinettes etc. avec des graff sur le côté du bâtiment…
Sur leur page Facebook, on peut lire que « Jam Graffiti » a été créé en 2016 par Vyrüs. Elle est aujourd’hui gérée par l’association « Jam étend’art », comportant différents graffeurs. D’où le festival en 2019 avec comme partenaire le skate club et la ville de Calais.
Il y en a aussi à l’intérieur…
Et à l’arrière du bâtiment ! On y reconnaît des personnages bien connus comme le Marsupilami, Pikachu, Lucky Luke et bien d’autres (« Nervous Cartoons »).
Un chat attire notre regard sur ce mur, un pochoir de Black Salamander, artiste lillois.
Il y a aussi des blocs de béton personnalisables, à disposition de tous, comme devant le musée des Beaux-Arts de Calais.
Nous traversons à nouveau le pont pour rejoindre le parking du magasin Match avec une fresque tout en longueur. Elle est signée KMU (habitant à Boulogne), K2B (originaire du Tréport), Roka, GolfOner & V Speed Graff. J’ai pu lire qu’elle a été réalisée par et pour le magasin V Speed Graff, qui a eu une boutique à Calais.
Juste après, sur le boulevard Lafayette, on admire le travail de Stom 500, originaire de Mulhouse. Il a un style bien à lui, très fin, le plus souvent des animaux. Rue des fleurs, c’est Hopare, artiste né en région parisienne qui réalise notamment de très beaux portraits.
Le long du boulevard, on découvre sur le sol trois illusions d’optique du couple Sweo & Nikita (le premier est en moins bon état). Il s’agit en fait d’œuvres en anamorphose, un « procédé de déformation d’une oeuvre ou d’une image, qui se recompose à partir d’un point de vue préétabli. » Un rendu 3D au top !
Entre deux, un petit passage par la place Crèvecœur, avec les poteaux de Zoyer de chaque côté. Il est originaire du Pas-de-Calais et dessine essentiellement des lettres à travers le « wildstyle », une forme complexe de lettrage qui est difficile de déchiffrer. Nous avions déjà eu l’occasion de voir son travail à Abbeville l’année dernière.
Amaury Dubois, artiste peintre français, à quant à lui sublimé l’intérieur de l’entrée de l’église Saint-Pierre. Du street art qui s’invite à l’église, c’est rare et surprenant et le rendu vaut le détour ! A Châtelaillon-Plage, près de la Rochelle, c’est carrément l’intérieur de l’église qui lui a été confié. A ne pas louper si vous passez dans les environs.
Au niveau du grand théâtre, un nouveau trompe-l’œil de Sweo & Nikita représentant un œuf de dragon. Derrière, rue Darnel, proche de la banque, un bébé de Otto Schade. Il s’agit d’un artiste et architecte chilien basé à Londres.
De là, on rejoint la rue du Temple, où on longe le centre commercial Coeur de vie. Pour commencer, un spraycap de Agathe Verschaffel, calaisienne. Le cap est l’embout par lequel la peinture sort de la bombe aérosol, vous reconnaissez ? A Abbeville, elle en avait recouvert toute une pièce, du sol au plafond !
XKUZ est un autre artiste originaire des Hauts-de-France. Nous avions vu son travail à Abbeville, il est ici à nouveau présent avec ses formes géométriques. Et pour terminer, Sweo & Nikita, sur un mur cette fois avec une continuité sur le sol.
On revient sur nos pas pour retrouver le boulevard Jacquard. Au niveau de l’ancienne Maison pour Tous, des fresques tout en hauteur par Maye, originaire de Sète. Pour la première, un personnage longiligne comme il en a l’habitude, équipé pour se fondre dans l’univers du Hip-Hop.
On y trouve également un Serge Gainsbourg signé Underwill Mouque dont je reconnais le style. Nous avions déjà vu cet artiste photographe et plasticien français à Abbeville, en 2021. On découvre encore quelques murs au niveau de l’Alhambra, rue Jean Jaurès.
Au bout du parc Saint-Pierre, un compteur EDF a été décoré par Black Salamander. A l’autre coin du parc, au niveau de la résidence Wilson, une première fresque signée Mister Copy : « The first Hermes », une approche moderne de la mythologie. Il est né et a grandi en Afrique du Sud mais habite aujourd’hui à Paris.
De l’autre côté, sur le pignon, l’une des préférées de mon chéri : un impressionnant orang-outan en feu de l’artiste lyonnais Kalouf. Les animaux sont pour lui « une source infinie d’inspiration », il est sensible à l’écologie et la préservation de l’environnement.
Un couple de calaisiens était également venu voir le primate, ravie de voir les choses bouger dans leur ville !
On longe à nouveau le parc pour rejoindre le boulevard puis le quai du Danube avec cet attendrissant duo chien-femme par EAJ. Originaire de Bagneux, il concentre son travail sur les portraits ou les animaux, notamment les chiens.
Les deux dernières œuvres sont éloignées du reste du parcours. Il y a un héron géant réalisé par l’ukrainien Palval sur la résidence Henri Lefebvre, que nous n’avons pas vu. L’autre se trouve en fait sur la route pour rentrer chez nous, à l’angle du rond-point avenue Roger Salengro. Nous nous arrêtons donc, l’artiste parisienne Kaldea étant en train d’y travailler. Un painting live pour terminer cet après-midi en beauté !
Parcours street art : côté mer
Ce second circuit débute là aussi depuis le parc Richelieu où nous avons mangé, le temps est couvert mais il fait chaud. Avec quelques difficultés, nous trouvons une première œuvre de Black Salamander sur la place du Maréchal Foch. Celle-ci était un peu cachée par un panneau de l’Hovercraft, restaurant où nous avions mangé à notre arrivée à Calais en 2019.
Nous prenons pour commencer la direction de l’Avenue Pierre de Coubertin où se situe une fresque de Rétro (Retro Graffitism). Un clin d’œil au tour de France 2022 car c’est ici qu’est arrivé le peloton de la « Grande Boucle » le mardi 5 juillet dernier. Elle est assez excentrée mais la route longue la Citadelle. Alors on en profite pour la traverser et on sort par le square Vauban et l’esplanade Jacques Vendroux.
De là, on rejoint le boulevard de la Résistance et le pont Henri Henon où un transformateur EDF a été joliment décoré par Sock (Sock Wild Sketch), artiste peintre illustrateur originaire d’Avignon. Là encore des motifs de dentelle, sur la droite.
Au dos, Steeve Heugebaert a ajouté sa touche personnelle, tout en restant dans le thème. Ce tatoueur, graphiste, graffeur, photographe et illustrateur est nordiste.
Direction ensuite le bord de mer pour découvrir les réalisations de Made in Graffiti et Manyoli. Elles se trouvent au niveau de l’abri du village gourmand. Vous pouvez en profiter pour déguster une glace face à la mer.
Made in Graffiti alias Johann Grenier habite la Somme et réalise de nombreuses fresques dans la région, pour les communes ou les particuliers. Il a notamment rendu hommage à Jean-Pierre Pernaut avec une fresque à son effigie, l’animateur vedette du journal de TF1 étant originaire d’Amiens.
Derrière Manyoli, se cache une artiste « passionnée par la femme depuis toujours, elle s’est spécialisée dans le portrait« , toujours très coloré !
En bord de mer, sur le poste de secours, l’un des plus célèbres représentants du street art : Banksy. L’artiste britannique a en effet réalisé trois oeuvres dans la ville de Calais, consacrées aux migrants. Celle-ci représente un (ou une) enfant les cheveux au vent, regardant vers l’Angleterre avec une longue-vue. Sur celle-ci est perchée un vautour. Une valise est posée par terre, à côté. On peut imaginer l’enfant observant les côtes anglaises, rêvant de poursuivre son périple vers un avenir qu’il espère meilleur, plein de promesses, mais il est pour l’instant coincé sur ce rivage…
Un peu plus loin sur l’esplanade, le totem Calais LA Plage, prise d’assaut par les enfants ce jour-là. Et si vous avez de la chance, vous tomberez comme nous sur le dragon de Calais, très impressionnant pour les petits comme les grands !
Nous revenons sur nos pas et approchons de la salle de GRS Delphine Ledoux où la New-Yorkaise BKFoxx a investi une des façades avec ces trois bateaux en papier. Ce n’est pas le cas ici mais elle est connue pour être la reine du réalisme avec de magnifiques créations murales photo-réalistes, que je trouve très belles.
Direction à présent la rue du Havre avec un autre Black Salamander, du côté du restaurant L’ardoise.
Dans le quartier du Minck juste à côté, deux pignons ont été habillés par Swed Oner et K.Yoô.
Pour le premier, il s’agit d’un portrait de Michel Vasseur, habitant de Calais qui a retenu l’attention de l’uzétien. Ses portraits en noir et blanc enveloppés d’une auréole lumineuse sont plein de réalisme. J’aime beaucoup !
K.Yoô a grandi dans la Somme, elle était elle aussi présente à Abbeville. Elle a représenté ici un goéland qui semble nous crier dessus. On a l’image devant les yeux et le son de l’oiseau en live ! Les animaux ont une place primordiale dans son travail, ce que j’apprécie.
On marche jusqu’à l’église Notre Dame et son jardin fleuri puis jusqu’au parc Richelieu. En face du musée des Beaux-arts, se trouve deux cubes où des œuvres éphémères sont effacées pour être remplacées par de nouvelles. Monsieur y avait d’ailleurs fait un pochoir en 2019.
Vous pouvez aussi relire mon article sur le street art à Boulogne-sur-Mer, celui sur Transition, l’espace éphémère dédié au street art à Abbeville et Transition, *La Piscine* à Doullens.