Livre « Les lapins ne mangent pas de carottes »
Il y a quelques mois, nous cherchions quoi faire pour le week-end de clôture d’Utopia, la sixième édition du festival Lille3000. C’est alors que je découvre la présence d’Hugo Clément à Lille pour une rencontre suivie d’une séance de dédicaces à l’occasion de la sortie de son nouveau livre : « Les lapins ne mangent pas de carottes« . Nous voilà donc partis pour le Tripostal !
Vous avez peut-être découvert Hugo Clément comme moi dans l’émission « Le Petit Journal » puis « Quotidien » avec Yann Barthès ou plus récemment avec ses reportages « Sur le front ». C’est un journaliste engagé pour la défense de l’environnement et militant pour le bien-être animal. En 2019, il publie son premier livre « Comment j’ai arrêté de manger les animaux » puis en 2020 « Journal de guerre écologique » aux Editions Fayard.
Dans son nouvel ouvrage, il pointe du doigt de nombreux sujets et nous apporte des informations claires. Il sensibilise à des causes primordiales de notre société actuelle, nous fait réfléchir sur le monde qui nous entoure, notre rapport avec les animaux et notre consommation. Il remet en question nos idées reçues et dénonce la bêtise de l’Homme et ce que nous infligeons aux autres animaux.
« Face à l’effondrement de la biodiversité et à la crise climatique, ouvrir les yeux sur l’ampleur des problèmes que pose le traitement infligé aux animaux est autant une question d’éthique qu’une question de survie. Pour eux comme pour nous, il y a urgence à changer de regard sur le vivant.«
A travers son livre, Hugo Clément nous donne les clés pour comprendre ce qu’il se passe réellement et les enjeux pour les écosystèmes. Pour ma part, j’ai trouvé cela très intéressant et instructif.
C’est pour moi un indispensable à mettre entre toutes les mains. Lisez-le, offrez-le, conseillez-le ! Chacun devrait le parcourir pour prendre conscience de la situation actuelle, que l’on soit déjà convaincu ou non. Parce qu’il est plus que temps de changer notre regard sur les animaux. Ou juste d’ouvrir les yeux… En lisant ce livre, vous saurez !
Extraits du livre
1. Nous sommes des animaux
« Rien de plus efficace qu’une rencontre avec un grand singe pour nous renvoyer à notre animalité. Car nous ne sommes rien d’autre que des animaux. (…) Pourtant, depuis des siècles, notre espèce s’acharne à s’extraire de sa condition animale, déployant de nombreux arguments pour se différencier de la masse du vivant. »
« L’intelligence est plurielle. Cela n’a pas de sens de vouloir hiérarchiser ou comparer. Je vois l’intelligence comme un ensemble de comportements qui vont permettre à un individu, ou à une espèce, de résoudre des problèmes pour s’adapter à des situations nouvelles. Or, en peu de temps, nous avons endommagé les écosystèmes dont nous dépendrons. Donc, pour moi s’il faut absolument faire des catégories, à l’échelle de l’évolution, on est plus proches des plus stupides que des plus intelligents. » (Emmanuelle Pouydebat, éthologue, directrice de recherche au CNRS)
« (…) les autres êtres vivants sont des individus. Chaque animal est unique et dispose d’une personnalité. »
« Nous avons estimé que notre supériorité, autodécrétée, nous donnait tous les droits sur les êtres différents de nous. Cela se traduit par l’exploitation sans limite, la violence, l’injustice, la cruauté infligée à ceux qui ne sont pas humains. C’est une erreur qu’il nous appartient de réparer. »
« Les Français ont déjà découvert que la noirceur de la peau n’est en rien une raison pour qu’un être humain soit abandonné sans recours au caprice d’un bourreau. On reconnaîtra peut-être un jour que le nombre de pattes, la pilosité de la peau, ou la façon dont se termine le sacrum sont des raisons également insuffisantes pour abandonner un être sensible à ce même sort. (…) » (Jeremy Bentham, philosophe – 1780).
2. En finir avec l’élevage intensif
« (…) un abattoir, quel qu’il soit, est un lieu de mort et de souffrance. Abattre des êtres sensibles à la chaîne ne peut pas se faire dans la douceur et le respect. Leur mise à mort implique de les contraindre, de les immobiliser, de les étourdir en leur perforant le crâne ou en leur infligeant des chocs électriques et, dans le meilleur des cas, de leur trancher les artères lorsqu’ils ont perdu connaissance. »
« Chaque jour, dans notre pays, nous abattons trois millions d’animaux destinés à la consommation. Oui, trois millions par jour. Deux mille par minutes. Et encore, ce nombre n’inclut pas les poissons. Les cadences sont effroyables. »
« Le secteur agroalimentaire sait mieux que quiconque qu’il est impossible de montrer au grand public ce qu’il se passe dans les usines de la mort, même quand la réglementation est respectée à la lettre. La bonne santé de la filière repose sur l’incapacité pour le consommateur de voir de ses propres yeux la réalité qui se cache derrière les murs opaques des lieux de tuerie. Même en rendant les normes plus strictes et en multipliant les contrôles, tant que nous consommons autant de viande et que le volume de production ne baisse pas drastiquement, les animaux ne seront pas traités comme des êtres sensibles, mais comme des objets. »
« Le système d’élevage intensif est, en soi, une maltraitance. Enfermer ces animaux à vie dans un bâtiment sans accès à l’extérieur, les priver de marcher sur l’herbe, de respirer le grand air ou de sentir la chaleur du soleil, les entasser par milliers – voire dizaine de milliers – dans un espace réduit, les condamner à respirer l’ammoniac émanant de leurs déjections, les faire grossir trop vite, leur interdire tout amusement, et les envoyer à la mort alors qu’ils n’ont que quelques semaines ou quelques mois, c’est de la maltraitance. Prétendre le contraire est au mieux de l’ignorance, au pire un mensonge. »
« (…) en France, sur le milliard d’animaux d’élevage abattus chaque année, environ 150 millions sont visibles en extérieur, contre plus de 850 millions qui sont enfermés à vie. »
« (…) le cochon n’a rien à envier au chien en termes de sensibilité ou de capacités cognitives. La vache ressent, comme le chat, la peur, la joie, l’attachement, la douleur, le plaisir, la faim… Or si, dans un cas, il est interdit de leur faire du mal, dans l’autre, on peut les pendre par les pieds et les égorger en toute légalité. »
« L’élevage est responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, soit autant que les émissions directes des voitures, avions et bateaux du monde entier. (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2013). L’élevage est aussi le premier facteur de déforestation en Amazonie, loin devant l’exploitation minière et le trafic de bois, et participe massivement à la pollution de nos rivières, de nos nappes phréatiques, ainsi qu’à la prolifération d’algues toxiques sur nos littoraux. La production de la nourriture destinée aux animaux d’élevage dépense de gigantesques quantités d’eau et monopolise la grande majorité de la surface agricole mondiale, avec des productions intensives arrosées de produits phytosanitaires, qui participent à la disparition des insectes, des oiseaux et de l’ensemble de la faune sauvage. La pêche est actuellement la première cause de destruction de la biodiversité dans les océans, sans comparaison possible avec la pollution plastique ou le changement climatique (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, 2020).«
« Nous pouvons toutes et tous identifier un ou plusieurs changements à opérer dans nos habitudes de consommation pour avoir un impact. Je l’ai fait en devenant végétarien. D’autres le font en réduisant drastiquement leurs achats de viande ou de poisson. Et c’est déjà très bien. (…) Chaque geste positif doit être salué et soutenu, même si l’on estime qu’il ne va pas assez loin. Ce qui compte, c’est de parvenir à faire massivement baisser la production de viande. »
« Tuer des animaux pour les consommer est une question de choix, pas de nécessité. »
« (…) les animaux ne sont pas des objets et ne doivent pas être traités comme tels. Malgré les moqueries, les réticences, les obstacles politiques ou juridiques, nous devons être des millions à les défendre, car ils ne peuvent pas le faire eux-mêmes. Je suis convaincu que la cause animale sera l’un des plus grands combats des prochaines décennies. Dans quelques siècles, si nous sommes toujours là, les historiens se demanderont probablement comment l’humanité a pu se comporter de manière si injuste et si cruelle avec la reste du vivant. Ils sauront saluer celles et ceux qui se sont levés pour faire cesser ces traitements indignes. »
3. Pour nous le plaisir, pour eux la souffrance
« (…) la captivité est une source de souffrance. »
« Moi-même, je me souviens d’avoir été au cirque. Je me rappelle très bien la joie et les émotions suscitées par les numéros d’acrobatie et par les tours de piste d’animaux sauvages, dont des fauves et des éléphants. Je ne connaissais pas les conditions d’existence de ces « artistes » réduits en esclavage. Elles sont pourtant terribles. »
« (…) j’ai découvert la vie de misère que subissent les animaux. Qu’il s’agisse des lions, des pachydermes ou des singes, ils passent la majorité de leur vie enfermés dans les camions de transport ou dans des enclos exigus installés sur des parkings, dans des climats non adaptés à leur physiologie. »
« Enfermés toute leur vie, privés de leurs comportements naturels, séparés de force de leurs semblables et obligés de cohabiter avec d’autres, parfois mutilés ou tués ; contrairement à ce que prétendent les défenseurs des parcs, l’existence des animaux de zoo n’est pas un long fleuve tranquille. »
« Les tigres blancs consanguins détenus dans les zoos et leurs futurs descendants, tout aussi consanguins, sont la création d’humains jouant aux apprentis sorciers. Ils ne pourront jamais être réintroduits dans la nature. Aucun parc ne dira le contraire. (…) la présence même des tigres blancs dans les zoos décrédibilise le discours tenu sur la conservation. »
« Pourquoi les zoos élèvent-ils autant de gorilles si, à la fin, l’abattage est considéré comme nécessaire ? s’interroge le docteur Ben Garrod, primatologue et professeur de biologie évolutive à l’université de East Anglia, cité par le Guardian. Ce sont des êtres sociaux, sensibles et cultivés. Nous n’avons pas le droit de les traiter comme des stocks excédentaires. »
« Mettre en cage le sauvage, c’est le dénaturer. (…) une nageoire de dauphin aperçue au large ou un tête rousse de renard aperçue quelques secondes à l’orée d’un bois, véhiculent infiniment plus de magie que des cétacés qui font des tours dans un bassin à la manière d’automates ou des loups faisant les cent pas dans leur enclos. » (Lamya Essemlali, présidente de l’association Sea Sheperd).
« La captivité détruit ce qui constitue l’animal sauvage : sa liberté. »
« Nos forêts, nos montagnes, nos campagnes, nos rivières ou nos côtes regorgent de vie sauvage. Il y a tant à découvrir autour de nous, tant d’espèces et d’individus à rencontrer, dans le respect de leur tranquillité et de leur liberté. La priorité n’est-elle pas là ? Apprendre à connaître et à respecter ceux avec qui nous cohabitons ? (…) Pour aimer la vie sauvage et vouloir la protéger, les zoos ne sont pas un passage obligé. »
4. Faire taire les fusils
« Dans certaines régions du monde, tuer des animaux sauvages pour se nourrir n’est pas un choix, mais une nécessité. (…) À d’autres époques, chez nous, en France et dans les pays riches, certains devaient aussi tuer pour manger. Ce n’est plus le cas désormais. Personne, dans nos contrées, n’est aujourd’hui obligé de chasser pour survivre. Les chasseurs français du XXIe siècle ne risquent pas la famine, bien au contraire. »
« C’est bien de plaisir qu’il est question dans la chasse telle que nous la connaissons. On tue des animaux pour se divertir. Et on en tue beaucoup. »
« (…) 26 espèces chassables dans notre pays sont en mauvais état de conservation, souvent avec des populations en baisse, certaines d’entre elles étant même classées « vulnérables » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Oui, vous avez bien lu : en France, des animaux menacés tombent toujours sous les balles de manière légale. »
« La réalité aujourd’hui, c’est qu’il n’y a quasiment aucun havre de paix pour les animaux sauvages en France, m’explique-t-il. Ils peuvent être chassés partout, sauf dans les zones coeur de cinq parcs nationaux métropolitains, qui recouvrent 257 000 hectares, soit à peine 0,5% du territoire. » (Pierre Rigaux, naturaliste, diplômé de biologie) »
« On les fait naître, on les maintient dans des cages et des volières, puis on les relâche quelques heures ou quelques jours avant de leur tirer dessus. C’est exactement l’inverse de la fameuse « régulation ». Il s’agit d’un ball-trap sur cible vivante, ni plus ni moins. (…) « Ils meurent peu de temps après leur lâcher, car ils sont inadaptés à la vie sauvage, (…) »
« Les chasseurs se comportent en pompiers pyromanes, assène Allain Bougrain-Dubourg. Ils sont en grande partie responsables de la prolifération des sangliers. » (Président de la Ligue pour la protection des oiseaux).
« (…) selon la préfecture, « la découverte régulière de sites de nourrissage montre que certains chasseurs continuent à favoriser la multiplication des sangliers, alors même qu’une forte baisse des populations est nécessaire ». On est bien loin de la fameuse « régulation » prônée par le monde cynégénique. »
« Pour nous convaincre de leur rôle indispensable, les chasseurs évoquent également les animaux dits « nuisibles ». Le terme, employé par un humain, peut faire sourire : s’il y a bien une espèce nuisible sur cette planète, c’est bien la nôtre. Nous sommes les seuls à détruire l’environnement dont nous dépendons pour survivre, et à provoquer l’extinction des êtres qui partagent notre écosystème. »
« (…) il n’y a pas de raison sanitaire valable qui justifie la chasse du renard. (…) La vraie raison du classement dans la catégorie « nuisible » dont souffre le renard est à chercher ailleurs. Ce que ne supportent pas les chasseurs, c’est que ce prédateur s’en prenne au gibier d’élevage lâché pour la chasse. »
« L’humain s’amuse. Les animaux, traqueurs ou traqués, payent l’addition. »
5. De la place pour tous
« Notre expansion sans limites provoque l’effondrement du vivant. Selon les scientifiques de l’ONU, 75% des écosystèmes terrestres sont aujourd’hui dégradés du fait des activités humaines, et environ un million d’espèces animales et végétales pourraient disparaître de la surface du globe dans les prochains décennies, faute d’habitat pour vivre. (IPBES, 2019). »
« En mer, il est plus difficile de construire, mais cela ne nous empêche pas de ravager les écosystèmes marins. Dans les océans, selon les scientifiques de l’ONU, la pêche est la première cause de perte de biodiversité. Cela mobilise moins l’opinion publique que la disparition des éléphants ou des rhinocéros, car le massacre des poissons a lieu à l’abri des regards. »
« Chaque année dans le monde, en fonction des estimations, entre 1 000 et 2 500 milliards de poissons sont tués par l’humanité. »
« Il y a urgence à changer notre rapport au monde sauvage. Aujourd’hui, nous estimons que la nature nous appartient et que nous pouvons utiliser l’espace comme bon nous semble. Les intérêts économiques priment sur la bonne santé des écosystèmes. Le droit à la vie des poissons, qui ont besoin des posidonies, ou des animaux d’Amazonie, qui sont dépendants de leurs arbres, ne pèse pas bien lourd face au poids financier de la plaisance ou de l’élevage industriel. La colonisation humaine de tous les milieux provoque l’effondrement de la biodiversité. Il suffirait pourtant de laisser un peu de place aux autres pour éviter le désastre. »
« Il faut voir la biodiversité comme une maison, dans laquelle nous, les Homo sapiens, habitons. Chaque brique de cette maison représente une espèce. Si un animal disparaît, nous retirons une brique. Rien ne se passe. Si dix animaux disparaissent, nous retirons dix briques. Quelques fissures se forment, mais nous ne remarquons rien. Six cent espèces disparaissent, alors des bouts du plafond commencent à tomber dans le salon. Même si c’est embêtant, on se dit qu’on pourra toujours réparer. En revanche, si nous retirons mille briques, mille espèces, c’est toute la maison qui s’écroule sur notre tête. Seul, fragile maillon dans la grande chaîne du vivant, l’être humain ne peut pas survivre. »
« « Ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir », disait Albert Einstein. »
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