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Visite du beffroi de… Douai !

En septembre prochain, c’est le retour de l’émission présentée par Stéphane Bern : « Le monument préféré des français. » Pour cette édition 2024, deux monuments des Hauts-de-France avaient été sélectionnés : le stade Bollaert-Delelis de Lens (Pas-de-Calais) et le beffroi de Douai (Nord). C’est finalement ce dernier qui a été choisi pour représenter la région.

Après le beffroi d’Arras en 2015, nous espérons que le beffroi de Douai décroche lui aussi le titre cette année ! Quatorze monuments sont en lice et c’est la dernière ligne droite car le vote s’achève ce mercredi soir à 23h59.

C’est en février 2019 que j’ai découvert pour la première fois Douai. J’y suis depuis retournée à quelques reprises, notamment à l’occasion du « Vidéo Mapping Festival » puis avec une amie pour rendre visite au plus ancien des Douaisiens : le beffroi de Douai.

La visite guidée permet de découvrir son histoire et ses petits secrets mais également l’un des plus grands carillons d’Europe. Tout en haut, on apprécie la vue sur la « cité des Géants ». N’hésitez pas à consulter le site de l’office de tourisme pour réserver votre visite. En voici un petit aperçu, c’est parti !

Une terre de beffrois

Au rez-de-chaussée, on commence par un peu d’histoire sur les beffrois. Ils sont omniprésents depuis des siècles dans les territoires du Nord de la France et en Belgique. Ils ont été construits (ou reconstruits) entre le XIIème et le XXème siècle. Eléments symboliques des villes, ils dominent le plus souvent la place principale.

« Les beffrois de Belgique et de France » sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce sont des tours civiles, communales et souvent médiévales. Au Moyen Âge, les beffrois symbolisent les libertés communales. Ils sont souvent plus hauts que le clocher des églises ou les tours des châteaux, les villes montrent ainsi leur indépendance et leur puissance.

Chacun d’entre eux à son histoire, son architecture et sa hauteur. Celui de Saint-Riquier, dans la Somme ne mesure que 18 mètres. Le plus haut de France se trouve à Lille, avec 104 mètres. Mais le record est battu avec le beffroi d’Anvers en Belgique, avec ses 123 mètres de haut ! Une taille impressionnante, quand on sait que celui de Douai mesure 61 mètres et celui d’Arras 75 mètres. Le beffroi de Tournai est quant à lui le plus ancien de Belgique, construit au XIIème siècle. Pour la France, c’est celui situé à Abbeville, dans la Somme, il date du XIIIème siècle.

Le beffroi de Douai

Le beffroi de Douai a été construit de 1380 à 1414 jusqu’aux tourelles. La flèche a quant à elle était édifiée de 1471 à 1475. Elle est décorée de soleils dorés et d’un majestueux lion des Flandres (1,75m) qui domine au sommet. Il a eu la chance de ne pas être détruit malgré les catastrophes de l’histoire comme les guerres et fêtera bientôt ses 650 ans !

La tour avait plusieurs fonctions :

  • Tour de guet, avec le guetteur qui surveillait en permanence et prévenait des menaces. Il est le premier gardien de la ville.
  • Tour des cloches, civiles bien sûr pour des événements laïques, l’heure, le couvre-feu, etc.
  • Tour symbolisant la puissance, la richesse et les libertés communales. Par le biais d’une charte communale, les Contes de Flandre donnèrent des libertés (telles que la justice et la monnaie) aux échevins de la ville.

Le beffroi de Douai n’est pas le plus ancien ni le plus haut des beffrois mais il est réputé pour être le plus beau ! C’est Victor Hugo qui le dit, du moins, qui l’a écrit, en 1837. Il a écrit à sa femme, Adèle :

« Je n’excepterais même pas Douai s’il n’y avait pas là le plus joli beffroi de ville que j’aie encore vu. Figure-toi une tour gothique, coiffée d’un toit d’ardoise, qui se compose d’une multitude de petites fenêtres coniques superposées ; sur chaque fenêtre une girouette, aux quatre coins une tourelle ; sur la pointe du beffroi un lion qui tourne avec un drapeau dans les pattes ; et de tout cet ensemble si amusant, si fou, si vivant, il sort un carillon. Dans chaque petite lucarne on voit se démener une petite cloche qui fait rage, comme une langue dans une gueule. J’ai dessiné cette tour, et quand je regarde mon dessin, tout informe qu’il est, il me semble encore entendre ce joyeux carillon qui s’en échappait, comme la vapeur naturelle de cet amas de clochetons. »

Victor Hugo – Poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français

Les beffrois peuvent être indépendants ou associés à un bâtiment public comme l’hôtel de ville. Ici à Douai, l’ensemble du beffroi et de l’hôtel de ville fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques.

La « salle des indigents » et son plan-relief

Une porte nous mène à la « salle des indigents« . A l’époque, les pauvres s’y abritaient et on y faisait du feu.

Au sol, on a une photo du plan-relief de la ville en 1709, entourée de remparts. Cela nous permet d’aborder l’histoire et la croissance de la ville car la période médiévale fut pour Douai une période de grande prospérité. Au Moyen Âge, elle était d’ailleurs l’une des plus grandes villes au nord de Paris. Elle se développa avec le commerce du grain et la draperie, elle était alors riche et renommée. Les échevins, qui dirigeaient la ville, firent d’ailleurs construire le beffroi en grès, un matériau alors très onéreux. 

Douai est assiégée et prise par Vauban en 1667, elle devient alors française avec le roi Louis XIV en 1667, qui envahit la Flandre à cette époque. Des fortifications, il ne reste que les deux portes que nous verrons d’en haut, la Porte d’Arras et la Porte de Valenciennes.

La salle des gardes

Ici, pas d’ascenseur comme à Lille ou à Arras. On emprunte l’escalier en colimaçon jusqu’au 1er étage (34 marches) : la salle des gardes. Il y a une cheminée monumentale en grès, qui appartenait à un échevin qui en a fait don au beffroi. On y voit des sculptures représentant le Conte et la Comtesse de Flandres, au milieu un marmouset qui nous tire la langue !

Le guide nous parle de l’architecture des lieux. Il aborde le choix des matériaux de construction, le style architectural gothique du beffroi ou encore sa flèche remarquablement ornée.

Au sol, on a encore la vue sur le plan-relief en contre-bas, le plancher central étant transparent. En effet, lors de la construction, un trou a été laissé au plafond afin de faire monter les cloches au sommet du beffroi. Certaines comme le bourdon (la plus grosse) passe tout juste. On imagine l’important travail que cela pouvait nécessiter, à l’aide de cordes, poulies…

Géants et fêtes de Gayant

Quarante marches plus haut, nous voilà dans une nouvelle salle. Nous parlons du tout premier carillon, constitué de 4 cloches au départ.

Un film projeté nous permet de découvrir les fêtes de Gayant et les géants. Ces figures sont une tradition du XVIème siècle très présente dans les Flandres. On compte pas moins de 2000 géants dans le Nord et en Belgique, dont cinq à Douai. Le guide nous parle de chacun des géants, leurs noms, leurs poids et dimensions, le nombre de porteurs nécessaires, leurs particularités…

Il nous explique les fêtes de Gayant et l’ambiance de carnaval qui y règne. Au programme : de la musique, des arts de rue, le cortège des géants grâce aux porteurs, de la danse, des chars, des confettis, des bénévoles… Et des sourires sur toutes les lèvres. Les géants sont les rois de la cité, la fierté des Douaisiens !

Le carillon de Douai

76 marches plus haut, nous voici dans la salle des sonneurs. Avec ses 62 cloches (18 tonnes de bronze), c’est l’un des plus grands carillons d’Europe. Les deux plus grosses cloches sont douaisiennes et datent de 1924. Le plus grand carillon de France se trouve en Savoie, à Chambéry, avec 70 cloches soit seulement 8 de plus qu’ici à Douai. Nous nous enfermons dans la cabine, les cloches sonnent 16h, nous assistons au spectacle aux premières loges.

Dans le film Bienvenue chez les Ch’tis, c’est en fait les cloches du carillon de Douai que l’on entend et non celles de Bergues. Stefano Colletti (maître-carillonneur, compositeur et interprète) a été la doublure musicale de Dany Boon. Il est en concert au beffroi de Douai les samedis de 10h45 à 12h, sauf en juillet-août.

Notre guide n’est pas carillonneur mais nous joue quand même « Le P’tit Quinquin » sur le clavier à « coups de poing » constitué de 61 touches.

La vue sur Douai et les environs

Au 4ème étage, c’est une vue qui se mérite, après 195 marches ! Nous sommes à environ 40 mètres de haut. On peut observer différents édifices de la ville comme la collégiale Saint-Pierre, la porte de Valenciennes etc… mais aussi toute la région environnante vers Lens, Arras, Cambrai, Lewarde, Valenciennes… Un joli panorama !

C’est aussi ici que l’on peut voir le bourdon (« Joyeuse »), il s’agit d’une grosse cloche pesant en général plusieurs tonnes. Ici, son poids est de 5 500 tonnes, impressionnant ! Il ne vaut mieux pas être à côté lorsqu’elle est en fonctionnement… Même si la charpente en châtaignier, de plus de 500 ans, absorbe la moindre vibration.

Après la visite guidée, nous terminons par un petit tour dans la cour de l’hôtel de ville, qui a lui été terminé au XIXème siècle. L’ensemble a donc été construit sur environ 500 ans. Une belle réussite et des monuments authentiques.

Le beffroi est un édifice majeur, au cœur du patrimoine régional. Je recommande sa visite et j’ai bien envie désormais d’en visiter d’autres. Voici un petit aperçu de l’extérieur de l’hôtel de ville et du beffroi avec du soleil. C’est vrai qu’il est incroyablement beau !

Et pour terminer, de nuit, à l’occasion du “Video Mapping Festival”. En 2019, le festival nous a invité à découvrir trois mapping dans trois villes du Douaisis. Il y avait des projections dans la cour de l’hôtel de ville de Douai, sur les façades de l’église Saint-Nicolas d’Arleux et enfin sur le château de Bernicourt.

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