Livre L'île dans la nuit de Claire Pellinec
Lecture

Livre « L’île dans la nuit » de Claire Pellinec

L’année dernière, j’ai découvert le livre « Eclats de rire à Ouessant » de Claire Pellinec. Cette fois encore, l’auteur nous emmène en Bretagne et nous livre une très belle histoire, que j’ai d’ailleurs préférée à la précédente. Dans ce nouveau roman (sorti il y a quelques mois), direction l’île de Groix, sur la côte ouest du Morbihan.

Même si je n’ai jamais vécu en bord de mer ou lu d’histoire sur les marins et leurs familles, Claire Pellinec a su me toucher à travers ses mots. On ne peut que se prendre d’affection pour ce Jacky, un vieux pêcheur à la retraite qui se replonge dans les années 1930. On remonte alors le temps avec un évènement qui a marqué l’île et ses habitants. Cela rend d’ailleurs un bel hommage à ces femmes et ces hommes ainsi qu’à leur courage et leur dur travail. Et puis un jour de marché en 2005, il va croiser Agathe, une parisienne que rien ne prédestinait à rencontrer et le destin va pourtant les lier.

Avec « L’île dans la nuit », on ressent parfois de la tristesse mais c’est surtout joliment écrit et on est tenu en haleine jusqu’au bout. Au fur et à mesure des pages, j’avais vraiment hâte de savoir la suite et le dénouement n’est pas forcément celui auquel on pense ! J’ai ressenti beaucoup d’émotions à travers son récit.

Désormais il ne me reste plus qu’à lire « Les mille-feuilles de Madame Kokantzis » et attendre son prochain roman avec impatience. Sur quelle île cette fois-ci ? 🙂 Encore un grand merci à vous Claire Pellinec.

Extraits du livre

« Il y avait des thoniers, il y avait des bâteaux, il y avait de la houle, il y avait de la pauvreté, il y avait des nuages prêts à engloutir les foules, minuscules vies empêtrées dans la misère, il y avait Groix et sa sauvagerie, il y avait la mer bleu turquoise et ses scintillements sous les lumières de septembre, il y avait l’automne qui appelait à la douceur et qui pourtant allait aspirer des centaines de marins vers la terreur. Il y avait Groix et sa joie, il y avait la mer et sa fureur. »

« Il se lève les yeux brillants, s’approche de la fenêtre pour écouter les rires. Ça lui donne le tournis. La vie qui passe, qui vient, qui assomme comme les vagues lorsqu’il part en mer. »

« (…) il regarde ses enfants plein de vie, et plein de misère aussi. »

« Les odeurs sont les mêmes depuis qu’il est né. Il y a des choses intemporelles qui traversent les époque et qui unissent les hommes depuis des siècles. Les herbes mouillées, la chouette qui hulule, l’air humide, le ciel étoilé. Ce sont celles qu’il retrouve seul, en marchant dans la nuit. »

« Tu rentreras bientôt ? » « Oui, tu verras ça va passer vite. » « Je pourrai venir te voir. » « Venir me voir ? Comment tu veux venir me voir mon p’tit ? » « Je viendrai ici, et tu sauras que je suis là. Tu me verras de très loin. »

« Sa peau épaisse et ses grosses mains posées contre son corps frêle le réchauffent. Il voudrait que ce moment dure. Il voudrait que les veilles de départ se produisent tous les jours. »

« Les rires et la joie de vivre de ce matin tranquille sont déjà loin. Leurs visages éblouis par le soleil ne sourient plus. »

« Depuis quelques temps, un souvenir le hante. Quelque chose lui trotte dans la tête. Comme si le temps n’existait pas, comme si les évènements de dizaines d’années en arrière refaisaient surface, comme s’ils avaient eu lieu la veille. »

« Si seulement on pouvait avoir cette candeur encore adulte et vivre dans des rêves, (…) »

« Elle va avoir besoin d’une présence et d’aide pour tenir le coup. Son cœur est fragile et si ça continue, il va lâcher dans les abysses de la mélancolie. »

« Comme quoi, l’argent ne fait pas le bonheur de tous, dit-il. Mais ce dont il est sûr, c’est que de ne pas en avoir fait le malheur de beaucoup. »

« (…) femme pleine d’envies et de liberté dont les ailes semblent avoir été coupées pendant beaucoup trop d’années déjà. »

« Comme une âme sans vie, elle se laisse aller à la dérive. »

« La belle soirée de septembre est ce soir une déesse. »

« Parce qu’il y a des périodes comme ça qui en rappellent d’autres qui ont eu lieu à la même période de l’année. C’est cyclique, ça revient dans la mémoire, ça surgit sans crier gare et ce n’est pas un calendrier qui va vous remémorer des choses entérinées dans votre corps. »

« Mais quand quelqu’un s’est installé dans votre cœur, il vous hante toute la vie. »

« Ils s’amusent et leurs baisers font déborder sur eux une rivière de joie. »

« Et puis d’abord, pour être heureux, il faut peut-être commencer par se dire qu’on n’est pas si malheureux. »

« Il se souvient d’eux comme s’il les avaient vus la veille, à la différence près que la vie est passée par là et que la tristesse de les avoir perdus ne l’a jamais quitté. Il a appris à composer avec cette réalité. L’air, l’île et le temps ont pourtant tenté de ronger son âme jusqu’à l’os. Et puis, d’autres évènements en ont entraîné d’autres et lui ont permis de survivre à la douleur, bien qu’inconsolable. »

« (…) tu es belle et intelligente, tu es libre de voler comme cet oiseau qu’on a observé hier dans le ciel. »

« Il ne dira pas un mot de plus. Raconter, c’est revivre le cauchemar. »

« Il pleurera longtemps cet amour dont il aura compris qu’il n’arrive qu’une fois dans une vie. Il pleurera ce temps qui ne reviendra jamais plus. Le reste ne sera que convenances, organisation, survie et quotidien. (…) Il avait reçu plus qu’on ne peut espérer dans toute une vie »

« (…) il ne faut pas attendre pour retrouver les gens qu’on aime. »

« Nos souvenirs m’ont accompagné toute ma vie. »

« Une vie de travail, ce n’est pas une vie » (…) »

« (…) vous savez, la vie, c’est étrange. On rencontre des gens qui nous marquent, ça va durer un peu de temps. Et pourtant, ils vous accompagnent toute votre vie. Alors faire sa vie avec quelqu’un, ça ne veut pas dire grand-chose. Parce que vous faites votre vie avec ceux que vous avez dans votre cœur. »

« Il y avait Groix et sa joie. Il y avait la mer tendre et le vent doux. Il y avait des marins dans les cœurs et des rires d’enfants. Il y avait ces courageux vivants. Il y avait Groix et sa nuit épaisse, ses oiseaux volants jusqu’à l’infini. Il y avait Groix dans son jour et il y avait l’île dans la nuit. »

Plongez à votre tour pour l’île de Groix !

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